17 novembre 2006

A Moscou, la dernière ronde a été la pire...

Le titre de cette nouvelle note est un écho direct au titre de la note d'hier. En effet, la 9e et dernière ronde du mémorial Tal de Moscou, qui promettait de l'action puisque trois grands maîtres étaient ex-aequo, n'a été qu'un simulacre de compétition. Toutes les parties, impliquant les leaders ou pas, se sont soldées par des nulles de salon. Rouslan Ponomariov et Peter Leko ont partagé le point après 19 coups. Boris Guelfand (4e à un demi-point des hommes de tête) et Levon Aronian ont fait de même après seulement 16 coups. Shakhriyar Mamedyarov (qui n'a pas perdu une seule partie mais n'en a pas gagné une seule non plus) et Peter Svidler ont signé leur feuille de match après 14 coups, les jeunes Alexandre Grichtchouk et Magnus Carlsen après 17 coups. Seule la partie opposant Alexandre Mororevitch à Alexeï Shirov a dépassé les 20 coups, avec une nulle en 26 coups. Par conséquent, les trois premiers au terme de la ronde 8 sont les 3 premiers de ce Mémorial Tal.
Je ne porterai pas de jugement sur ce final qui a dû décevoir les amateurs. Les grands maîtres font ce qu'ils veulent. Toutefois, je leur conseille simplement de ne pas se plaindre de la disparition des tournois. Pourquoi ? Parce qu'aucun public ne paiera pour assister à des avortons de parties et on peut se dire que les sponsors feront la grimace si leur marque est associée à une singerie, à une imitation désagréable de sport. On imagine ce que les spectateurs penseraient d'un match de boxe où les deux adversaires passeraient leur temps à sautiller l'un autour de l'autre sans essayer de mettre l'autre K.-O. Ou d'un match de football où chacun éviterait consciencieusement de s'approcher de la surface de réparation ennemie. Tout le monde crierait au scandale, à juste titre. Par ailleurs, si l'on revient au Mémorial Tal, étant donné que les joueurs avaient eu deux jours de repos au cours de ce tournoi, ils ne pouvaient décemment pas invoquer la fatigue.
La nullité fait partie intégrante des échecs et personne n'en doute (le demi-point du pat, du matériel insuffisant, de la répétition de la position ou des 50 coups n'est pas ici remis en cause). Il est en revanche légitime de se demander si la nulle par accord mutuel (qui se transforme souvent en nulle de salon) a réellement sa place dans le jeu. L'idée de certains organisateurs, comme Léo Battesti en Corse, de l'interdire dans leurs compétition fait son chemin. Elle oblige les joueurs à donner le meilleur d'eux-mêmes et à aller jusqu'au bout des parties. Rien ne les empêche d'ailleurs, si l'équilibre est atteint, de répéter les coups dans les positions qui le permettent, mais la fréquence de ces nulles sera immanquablement moindre que celle des nulles par accord mutuel. On pourrait rétorquer qu'obliger les participants à user les positions jusqu'à la corde risque de voir se multiplier les drames de fin de partie où un joueur fatigué ruine en un seul coup tous les efforts auxquels il a consenti. Certes. Mais cela n'arrive-t-il pas après tout très souvent aux échecs ? Ces catastrophes sur un carré de bois font l'histoire du jeu. A l'inverse, lorsque la ronde cruciale d'un des plus grands tournois de l'année s'achève en une heure, sur tous les échiquiers, par des non-événements, le jeu n'en sort vraiment pas grandi... Il me semble que les expériences initiées depuis quelques années dans les tournois où les nulles par consentement mutuel sont interdites devraient aujourd'hui porter leurs fruits et pousser la FIDE à généraliser l'idée en supprimant les articles 5.2.c et 9.1 de la règle du jeu.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

c est vrai qu une partie nulle n est pas tres bien vu mais cela depend de l esprit des jouerus quin e font rien pour qu eles parties soient animes : ils se contentent de joeur la theorie et apres la nulle c est meme desesperant .....ON tue les echecs ainsi comme le dit ci bien pierre
une parite doit etre un comb at et non une entente

Anonyme a dit…

Les joueurs d'Echecs de haut niveau sont malvenus de déplorer le fait qu'il est difficile de vivre de leur passion, et de monnayer leur talent, consacré par des années de travail (et donc de leur renonciation à profiter d'autres joies de l'existence), avec de tels comportements.
Mais, au fait, qu'en pense la Professionnal Chess Association ?

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec P.B.
Quelle attitude désolante de la part de ces "stars"...qui sont sans doute trop jeunes pour avoir
connu M.Tal...

Anonyme a dit…

Bien sur que c'est désolant, mais si 2 joueurs ne veulent pas jouer, comment les obliger à jouer? peut-être avec des primes conséquentes par victoire ou quelque chose comme ça...ou reprendre l'idée du football en donnant dans les tournois fermés, 2 points par victoire (et non 1) mais interdire une nulle par accord mutuel me parait difficile à imposer, les joueurs pouvant simplement contourner cette interdiction en répétant la position 3 fois de suite.

Anonyme a dit…

annuler par accord mutuel ne
signifie pas annuler sans combattre. L'analogie de P.B.
avec les matchs de boxe est
intéressante.

Anonyme a dit…

Le problème est ailleurs, il ne vient pas du règlement, il vient de l'enjeu des parties, ou plus exactement de l'argent. Les GM jouent pour gagner leur vie, connaissez-vous beaucoup d'amateurs qui ont fait des nulles de salon...
On voit la même chose sous d'autres aspects dans le sport pro, des matchs sans prise de risque etc...
Il faut bannir l'argent du sport, cela évitera beaucoup de dérives

Anonyme a dit…

Finir un Mémorial Tal de la sorte... Ils ne font pas honneur à ce grand champion.
Le pauvre Tal ne jouait pas comme ça, lui.

Anonyme a dit…

@Mila92.
Je suis contre la victoire à 3 points, car c'est injuste pour les nulles combattives, et il y en a beaucoup également... Par contre il n'a jamais été interdit d'organiser un tournoi où il fallait avoir joué un nombre minimal de coups pour avoir le droit de proposer nulle... J'ai fait cette expérience au festival du conseil général de nancy en 2006. Les règles corses sont également parfois appliquables et appliquées.
Au niveau de ton argument de la répétition: il n'y a pas tant d'ouvertures où les répétitions sont possibles sont laisser à l'autre la possibilité d'un avantage, donc ce n'est pas un gros problème...